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Ce modeste blog traite d'un village lorrain, au vrai caractère et au cachet marqué : CHARMES-LA-CÔTE (Meurthe-et-Moselle, Lorraine, France). Son territoire est observé par un historien, mais aussi un CARPINIEN sous le charme, qui l'aime et souhaiterait le partager ! Les domaines abordés sont : l'histoire, la géologie, la paléontologie, l'archéologie, la généalogie, la géographie, l'ethnologie, la botanique, la zoologie, le patrimoine, la création artistique, l'actualité, la cuture d'une manière générale... J'essaierai également de vous présenter mes diverses collections d'objets en rapport avec Charmes-la-Côte : l'exposition est à visiter dans la catégorie « Mon Petit Musée »...

29 Jul

Moyen-Âge...

Publié par Vincent LAMARQUE  - Catégories :  #Histoire, #Archéologie, #Politique

D'un cimetière mérovingien du Haut Moyen-Âge à un champs de bataille du Bas Moyen-Âge à Charmes-la-Côte, il n'y aurait qu'un petit pas géographique à faire, mais les risques de tomber dans la confusion historique sont grands...

 

 

 

 

Carte postale

« Environs de TOUL illustrés - Vue générale de Charmes-la-Côte / Poirot, éditeur, Toul. »

Collection particulière.

 

Oblitération du timbre :

Toul, le (?).

 

Timbre postal :

5 centimes vert, de type Semeuse de Roty.

 

Oblitération de la carte :

Paris, le 06 juillet 1908.

 

Correspondance :

« Bonjour de Toul. S. Melliens (?). »

 

Adresse :

« Mr et Mme Melliens (?), 61 rue des Gravilliers, 3eme arrondt, Paris. »

 


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Des ouvrages du XIXe siècle nous informent que le village de Charmes-la-Côte a été le théâtre d'une bataille marquante et traumatisante au XVe siècle, lors des invasions du duc Charles le Téméraire et des Bourguignons sur le territoire du duc René II et des Lorrains... Mais à l'origine de l'information, est-ce la simple tradition orale ? Sommes-nous dans la capacité de qualifier l'information de fiable ? Est-ce que l'archéologie dont parlent ces ouvrages du XIXe siècle nous donne une vraie confirmation du fait historique ? Entre parenthèses : à Toul (54), des boulets de canon, désormais adossés au mur de la cour de la Mairie, ancien Palais Épiscopal, auraient été utilisés pour combattre les Bourguignons... selon certains historiens... Charles le Téméraire voulait conquérir le duché de Lorraine et l'évêché de Toul pour créer un passage de son territoire de Bourgogne, au Sud, vers ses possessions dans les Flandres, au Nord, et pour recréer la lointaine Lotharingie carolingienne. Rêve qui ne se concrétisera jamais puisque Charles le Téméraire va mourir lors de la Bataille de Nancy (54), le 05 janvier 1477. Voici les sources bibliographiques avec les passages rapportant l'information sur la bataille à Charmes-la-Côte :

 

 

- MICHEL (Louis-Antoine), « Charmes-la-Côte », in Statistique administrative et historique du département de la Meurthe, Nancy (26, rue de l'Esplanade), Édité chez l'auteur, Michel, sous-chef à la Préfecture, 1822, p.214.

 

« Charmes-la-Côte [...]. Charmes-la-Côte a été incendié par les Bourguignons lors de leurs fréquentes invasions en Lorraine. Peu de temps avant la révolution, les habitans y trouvèrent de nombreux ossemens humains d'une forme colossale, et des débris d'armures antiques : l'ignorance d'alors a fait mépriser ces monumens d'une haute antiquité, et ils n'existent plus. ».

 

 

- GROSSE (E.), « Charmes-la-Côte », in Dictionnaire statistique du département de la Meurthe, contenant une introduction historique sur le pays, avec une notice sur chacune de ses villes, bourgs, villages, hameaux, censes, rivières, ruisseaux, étangs et montagnes, Lunéville (23, Grand Rue), Chez Creusat, Libraire-Éditeur, Octobre 1836, p.126-127.

 

« Charmes-la-Côte [...]. On dit que Charmes-la-Côte fut brûlé dans le 15e siècle, par l'armée de Charles-le-Téméraire, et qu'on a trouvé des ossements humains et plusieurs débris d'armures en fouillant quelques champs ; il paraît néanmoins que ces dépouilles ont été négligées et qu'elles n'ont point paru dignes d'être conservées par les habitants. ».

 

 

- GRILLE DE BEUZELIN (Ernest), Rapport à Monsieur le Ministre de l'Instruction Publique sur les monuments historiques des arrondissements de Nancy et de Toul (département de la Meurthe), accompagné de cartes, plans et dessins, Paris, Imprimerie de Crapelet, 1837, p.111.

 

« Charmes-la-Côte. Ce lieu, célèbre par une bataille des Bourguignons au XVe siècle, est encore remarquable par la quantité de fragmens romains et gaulois que le hasard y a fait découvrir [...]. ».

 

 

- LEPAGE (Henri), « Charmes-la-Côte », in Le Département de la Meurthe, statistique historique et administrative, Reproduction en fac-similé de l'édition de Nancy de 1843, Nancy, Édition Berger-Levrault, 1978, Tome 1, p.107 (Bibliothèque du Musée d'Art et d'Histoire de Toul : CELT_563).

 

« Charmes-la-Côte [...]. L'auteur de la Statistique de 1822 dit que ce village fut incendié par les Bourguignons à l'époque de leurs invasions en Lorraine. Peu de temps avant la révolution, ajoute-t-il, les habitants y trouvèrent de nombreux ossements humains d'une forme colossale et des débris d'armures antiques. ».

 

 

Après mûre réflexion, les trouvailles archéologiques, que les ouvrages du XIXe siècle traitent avec un égard tout particulier, ne paraissent plus, comme lorsque nous les lisons une première fois, se rapporter à la bataille du XVe siècle à Charmes-la-Côte mais plutôt à l'idée d'une occupation plus ancienne du village. Nous pouvons ajouter que le nom du lieu exact de ces extraordinaires découvertes nous serait connu, si nous nous référons à un extrait de OLRY (Étienne), « Répertoire archéologique du département de la Meurthe, cantons de Colombey et Toul-Sud », in Mémoires de la Société d'Archéologie Lorraine et du Musée Historique Lorrain, Nancy (14 Grand-Rue), Imprimerie de A. Lepage, 1865, p.92 : il s'agirait du lieu-dit « Au Montignon » ou « Montignon » (section cadastrale 0G), au bout de la rue du Han, dans la direction du village avoisinant de Mont-le-Vignoble (54) par les bois. Selon le docteur Michel Hachet, conservateur du Musée d'Art et d'Histoire de Toul, tous les ossements des squelettes découverts aux XVIIIe et XIXe siècles dans des nécropoles de guerriers mérovingiens par exemple sont présentés de « taille colossale » dans les témoignages de l'époque, cela en raison d'une simple illusion d'optique : effectivement, le corps d'un homme semble plus long dans la position couchée que debout mais ce n'est qu'une apparence en réalité. Voici à présent une preuve de l'occupation de Charmes-la-Côte par les Mérovingiens : Monsieur Philippe Clausse, habitant de Charmes-la-Côte, précisément au « Clos Montignon », a donné au Cercle d'Études Locales du Toulois et au Musée de Toul, en décembre 1974, deux objets ramassés près de sa maison et datés du Haut Moyen-Âge : un couteau en fer, à soie plate (CELT_974.44.20, Salle d'exposition F, Vitrine 01), et une plaque-boucle en fer, de forme allongée (CELT_974.44.21, Réserves). Ces objets ont été récoltés alors qu'on établissait des poteaux électriques pour la viabilisation du terrain de Monsieur Clausse qui faisait construire sa maison. Par ailleurs, des découvertes archéologiques similaires auraient été réalisées au lieu-dit « Blussin » ou « En Bleussin » (section cadastrale 0G), et nous pourrions aussi interpréter le nom du lieu-dit « Aux Auges » (section cadastrale 0B) comme le lieu d'une nécropole mérovingienne dont on aurait pu réutiliser les sarcophages de pierre comme abreuvoirs pour animaux. Pour terminer, une occurrence de la présence mérovingienne à Charmes-la-Côte se trouve dans le monumental ouvrage du spécialiste des Mérovingiens en Lorraine : SALIN (Édouard), La civilisation mérovingienne d’après les sépultures, les textes et le laboratoire, première partie : les idées et les faits, Paris (82 rue Bonaparte), Éditions A. et J. Picard et Cie, 1949, p.321-324, carte III « Les cimetières mérovingiens de l'Est de la France » (Bibliothèque du Musée d'Art et d'Histoire de Toul : CELT_155).

 

 

Si ces trouvailles archéologiques et ces mentions dans la littérature spécialisée nous aident à prouver la présence mérovingienne au Haut Moyen-Âge à Charmes-la-Côte, une autre trouvaille pourrait nous aider à prouver l'existence d'une bataille entre Lorrains et Bourguignons au Bas Moyen-Âge dans cette même localité. À présent agent du patrimoine, chargé de la gestion des collections du Musée de Toul et en particulier du récolement, c'est d'une manière véritablement fortuite que j'ai trouvé, ce jeudi 25 mars 2010, la fiche d'inventaire d'un objet découvert à Charmes-la-Côte, peut-être près de la chapelle de Saint-Fiacre, au lieu-dit « Bois communal » (section cadastrale 0A) : un épieu à crochets du XVe siècle (MT_996.22.1), donné le 10 juillet 1996 par Monsieur Marc Thomann. Le fauchard médiéval, non exposé, est conservé dans les réserves du musée. En voici sa description qui a été établie par Abel Liéger, membre du Cercle d'Études Locales du Toulois, et agrémentée d'un petit dessin de Michel Hachet :

 

« Epieu à crochets en fer (ou fonte ?) constitué d'une lame en feuille de laurier dans l'axe de la virole d'emmanchement et de deux crochets opposés s'insérant entre ces deux éléments l'un courbé vers l'extrémité distale de l'axe (vers le haut) et l'autre vers la hampe (vers le bas). Une corrosion probablement ancienne et des décapages brutaux ne permettent plus guère d'apprécier la surface du métal et de déterminer avec certitude la technique de fabrication (forgeage ? ou coulage ?) cependant le donateur précise que cette pièce récupérée très oxydée a pu être meulée. Hauteur totale = 0,39 (dont virole = 0,10 et pique = 0,25) ; largeur de la pique = 0,047 ; envergure des crochets = 0,19 ; diamètre de la virole = 0,03. XVe siècle (?). ».

 

 

De l'histoire, de la généalogie et de la toponymie maintenant... Au début du XVe siècle, la seigneurie de Charmes-la-Côte était passée de la Maison de Bourlémont (88) à la Maison d'Anglure (51), par Jeanne de Brixey (° 1375 - † après 1433 à Bourlémont), fille de Hanry (ou Henri) (° ca 1330 - † 07 mai 1403), seigneur de Bourlémont et de Donjeux (52), et d'Alix (ou Béatrix) de Joinville (52) (° avant 1344 - † 1406). En 1400, Jeanne s'est mariée avec Jean-Saladin d'Anglure (° 1370 - † 07 mai 1403), chevalier, seigneur d'Étoges (51) et de Raucourt, capitaine de Reims (51). De leur union est né un fils, Simon d'Anglure dit « Saladin » (° ca 1400 ou 1402 - † entre le 06 novembre 1471 et le 12 mai 1472), chevalier, seigneur d'Étoges, de Donjeux et de Bourlémont, grand maître d'hôtel et chambellan du duc de Bretagne en 1460. Vers 1433, Simon s'est marié avec Isabelle (ou Matfride) du Châtelet (° ca 1410 - † 1485), dame de Deuilly. Lors d'un partage des biens, opéré un 15 mars, en 1463 ou 1464 (?), Simon et Isabelle ont fait don de la seigneurie de Charmes-la-Côte à leur troisième fils Nicolas (Colart ou Colas) d'Anglure (° ca 1440 - † 25 ou 26 juillet 1516 à Bourlémont), seigneur de Bourlémont et baron de Conflans-Sainte-Honorine (78), écuyer d'écurie du roi Louis XI de France. Il nous faut garder à l'esprit que le duc René II de Lorraine n'appréciait pas beaucoup les sires de Charmes-la-Côte, Simon et Nicolas, qui s'étaient réfugiés en Bourgogne puis en Allemagne, alors qu'ils étaient suspectés et accusés d'intelligence avec le duc Charles le Téméraire de Bourgogne. Est-ce-que ces précisions historiques pourraient apporter les raisons d'une bataille à Charmes-la-Côte à la fin du XVe siècle ? Pour l'heure, il me reste à dire que le nom d'un lieu-dit a peut-être un rapport avec cette bataille : « Grand Bourguignon » (Section cadastrale 0A), près de la chapelle Saint-Fiacre dont il est question plus haut.

 

 

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Carpinien

 

 

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