Armoire eucharistique...
Petit coup d'œil sur l'œil-de-bœuf de l'église de Charmes-la-Côte...
La petite église de Charmes-la-Côte, sous le patronage de Notre Dame, est, d'une manière toute spéciale, dédiée à la Nativité de la Vierge Marie. Le chœur de l'édifice, orienté vers l'Est et la Terre Promise, date du XVe siècle. De forme pentagonale, il présente une croisée d'ogives dont la clé centrale est ornée d'un écu, deux baies latérales de style gothique flamboyant, au remplage composé de mouchettes, et une baie d'axe de style gothique rayonnant, au remplage composé d'un quadrilobe, peut-être l'élément d'un ensemble architectural plus ancien utilisé en réemploi dans le réaménagement de l'édifice au XVe siècle. Lors de journées dédiées au patrimoine à Charmes-la-Côte, les samedi 14 et dimanche 15 mai 2011, j'ai appris d'un membre de l'association Maisons Paysannes de France, Noomane Fakhar, une autre singularité : l'arc à l'entrée du chœur, qui fait la séparation entre la partie des fidèles et la partie des officiants, est un arc diaphragme, rare particularité dans les églises rurales du Toulois ; un arc diaphragme est un arc qui porte un muret de refend dont les deux faces sont visibles ; son existence est peut-être liée au considérable chantier de la nef à l'époque moderne, au XVIIIe siècle, travaux qui auraient pu entraîner quelque aménagement dans l'abside gothique...
Un mur septentrional du chevet du chœur présente une niche avec, en son fond, une ouverture vers l'extérieur de l'édifice. Le petit percement est fermé par un vitrail transparent, élément de verre oranger et agrémenté d'une croix rouge, et par une grille. Il s'agissait d'une armoire eucharistique, dont l'arrière faisait partie intégrante de la maçonnerie, l'avant étant de bois. Il fallait mettre en exposition l'ostensoir aux Carpiniennes et Carpiniens à l'extérieur du chœur de l'édifice, qui devaient avoir un geste de dévotion, peut-être un signe de croix, à l'égard des bonnes œuvres qui s'y produisaient... Cela avant le Concile de Trente (1545-1563) qui généralisait l'emploi d'un tabernacle pour la conservation et la protection du Saint-Sacrement.
Chœur de l'église Notre-Dame de Charmes-la-Côte.
Cliché : Vincent Lamarque
© Vendredi 1er août 2008.
Armoire eucharistique,
Église de Charmes-la-Côte.
Cliché : Vincent Lamarque
© Vendredi 1er août 2008.
Tabernacle et porte d'accès à la sacristie,
Église de Charmes-la-Côte.
Cliché : Vincent Lamarque
© Vendredi 1er août 2008.
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Selon le docteur Michel Hachet, conservateur du Musée d'Art et d'Histoire de Toul (54), les armoires eucharistiques ont été particulièrement utilisées en Bourgogne et en Lorraine. Il est possible d'en observer encore le petit oculus caractéristique dans le Toulois, par exemple dans l'église de Saint-Médard à Blénod-lès-Toul (54), l'église de la Nativité-de-Notre-Dame à Écrouves (54) ou la chapelle Saint-Martin de Bruley (54), mais également dans la Salle des Malades de l'ancienne Maison-Dieu de Toul, à présent salle lapidaire du musée. Entre parenthèses, ce dernier oculus présente un remplage quadrilobé. Tous ces édifices ont été érigés entre le XIIe siècle et le XVIe, en des temps médiévaux...
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Carpinien