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Ce modeste blog traite d'un village lorrain, au vrai caractère et au cachet marqué : CHARMES-LA-CÔTE (Meurthe-et-Moselle, Lorraine, France). Son territoire est observé par un historien, mais aussi un CARPINIEN sous le charme, qui l'aime et souhaiterait le partager ! Les domaines abordés sont : l'histoire, la géologie, la paléontologie, l'archéologie, la généalogie, la géographie, l'ethnologie, la botanique, la zoologie, le patrimoine, la création artistique, l'actualité, la cuture d'une manière générale... J'essaierai également de vous présenter mes diverses collections d'objets en rapport avec Charmes-la-Côte : l'exposition est à visiter dans la catégorie « Mon Petit Musée »...

16 Jul

Relique...

Publié par Vincent Lamarque  - Catégories :  #Histoire, #Archéologie, #Religion, #Patrimoine, #Archives

La quête du saint Graal à Charmes-la-Côte, c'était le jeudi 26 août 1886, vers 14h00, dans la petite église du village...

 

 

 

 

Livre manuscrit du Musée d'Art et d'Histoire de Toul (CELT_996.17)...

Clichés : Vincent Lamarque

© Jeudi 18 juillet 2013.

 

 

Jeudi 27 juin 2013, vers 16h00, à la Bibliothèque du Musée d'Art et d'Histoire de Toul (54), il m'est tombé entre les mains un ouvrage manuscrit, entré dans les collections du musée et enregistré sous le numéro d'inventaire CELT_996.17, Recherches sur les premiers successeurs de saint Mansuy. L'ouvrage a été donné à l'établissement municipal par Roger Marguet, le 31 décembre 1996. Il est illustré de dessins au crayon et à l'aquarelle et de photographies. Son écriture, calligraphiée à la plume, est soignée. Sa reliure présente un dos en cuir, à nervures et plats rouges. Les plus grandes découvertes en histoire ont commencé dans une bibliothèque ou dans un centre d'archives ! Dans la vraie vie comme dans Indiana Jones... Cela dit, il n'est pas question ici d'un crâne de cristal mais du crâne d'un évêque de Toul de l'époque paléochrétienne, saint Alchas ou saint Alche. Le prélat a vécu au Ve siècle et il était le troisième à monter sur le siège épiscopal de la localité, après saint Mansuy, au IVe siècle, et saint Amon, au Ve siècle. Les Toulois le fêtaient le 30 octobre.

 

 

 

Livre manuscrit du Musée d'Art et d'Histoire de Toul (CELT_996.17)...

Clichés : Vincent Lamarque

© Jeudi 18 juillet 2013.

 

 

L'ouvrage, du quatrième quart du XIXe siècle, est anonyme mais nous pouvons croire avec aisance qu'il a été composé par un ecclésiastique docte et ordonné. Était-il un secrétaire de l'Évêché de Nancy (54) et de Toul, sous l'autorité de l'évêque Charles-François Turinaz (02 février 1838, Chambéry - 19 octobre 1918, Nancy) ? Était-il une personne proche du Trésor diocésain, chargé de sa restauration et de sa conservation ? Ces interrogations posées, le clerc a fait le récit, par écrit, dans ce livre, des affaires se rapportant à la réapparition de reliques qui avaient disparu à la Révolution française et importantes pour la contrée touloise. De nombreux éléments m'incitent à penser que son auteur est l'abbé Charles-Victor Vanson (1826 - 1893, Jarville-la-Malgrange), vicaire général honoraire et supérieur du Collège de la Malgrange (54), dans la deuxième moitié du XIXe siècle : des occurrences de son nom apparaissent dans la totalité des documents qui y sont compilés ; il était présent à tous les évènements qui y sont rapportés et semblait particulièrement faire preuve de détermination et de ténacité à en suivre le déroulement et à en consigner les données relatives ; une missive, signée de sa main et adressée à Monseigneur Turinaz, y est recopiée, avec une manière de rédiger analogue au reste, tant dans la forme que dans le fond. En tous les cas, dans ce livre, l'abbé Vanson est constamment cité en référence. À son époque, il était sans doute un des plus brillants spécialistes de l'histoire de Toul au cours des premiers siècles de notre ère, de l'évangélisation du territoire et de l'expansion du Christianisme, sous l'épiscopat des saints Mansuy, Amon, Alchas, Celsin, Auspice et Ursus, dont le ministère apostolique était fait de prédications et de miracles. En 1885, en véritable médecin légiste de l'histoire, le scientifique a édité de petits opuscules où tout ce que les précédents historiens avaient dit en la matière a été décortiqué, comme soumis à une dissection méthodique et objective : La Crypte de Saint-Mansuy, Notice historique et archéologique, Nancy, Imprimerie Catholique de René Vagner, Mars 1885, 18 p. (Bibliothèque du Musée d'Art et d'Histoire de Toul : CELT_683) ; « Reliques de saint Amon dans les Origines de l'église de Toul », in La Semaine religieuse, historique et littéraire de la Lorraine, 1885, p.579. Un autre clerc, très érudit et cultivé, pourrait avoir écrit ce livre du Musée de Toul : l'abbé Joseph-Modeste Demange (1858 - 1920 ?), curé de Lagney (54), auteur de « La grotte et l'ermitage de saint Amon », in Bulletin mensuel de la Société d'Archéologie lorraine et du Musée historique lorrain, Nancy, A. Crepin-Leblond, Imprimeur de la Société, 1907, p.133-143, et « Notice sur Saulxerotte », in Bulletin mensuel de la Société d'Archéologie lorraine et du Musée historique lorrain, Nancy, A. Crepin-Leblond, Imprimeur de la Société, 1908, p.191-207.

 

 

Le manuscrit du Musée de Toul se termine par un chapitre intitulé « Reliques de Charmes-la-Côte ». Entre autres renseignements, il est fait mention d'Auguste Saulnier ou Saunier (1815, Lucey - 06 décembre 1883, Charmes-la-Côte), curé de Charmes-la-Côte pendant une longue période de quarante années, du 1er juillet 1843 au 06 août 1883. Au village, on a entendu dire que le prêtre avait caché dans la petite église des reliques qu'une Touloise lui avait données après les avoir protégées un certain temps des démolitions révolutionnaires. On parlait en particulier du chef de saint Alchas, qui se trouvait dans la crypte de l'abbaye bénédictine Saint-Mansuy de Toul, sous l'Ancien Régime, avant d'être plus précisément emmurée, au XIXe siècle, dans le retable de l'autel collatéral de l'église de Charmes-la-Côte, un espace dédié à Notre-Dame. Il est également fait mention d'un certain Monsieur Galliotte, né à Charmes-la-Côte, qui avait environ soixante-huit ans et habitait à Domgermain (54) en 1886. Il disait que les Carpiniens possédaient jadis « la jambe de saint Gérard », évêque de Toul au Xe siècle, et que la relique avait été conservée dans l'église, dans l'armoire de la sacristie. Monsieur Galliotte était considéré comme crédible aux yeux des autorités catholiques puisqu'il était un ancien séminariste.

 

 

 

Autel Notre-Dame de l'église de la Nativité-de-la-Vierge-Marie de Charmes-la-Côte...

Cliché : Vincent Lamarque

© Mardi 30 juillet 2013.

 

 

Que s'est-il passé dans la petite église de la Nativité-de-la-Vierge-Marie de Charmes-la-Côte ce jeudi 26 août 1886 ? Je suis en train de retranscrire le dossier, car les mots utilisés sont dignes d'un scénario d'aventure, avec, en guise de fin, la découverte d'un fabuleux trésor... En tous les cas, l'émotion semble à son comble parmi les témoins de l'évènement. En voici une première partie, la relation de la découverte à proprement parler :

 

Reliques de Charmes-la-Côte

 

Premier Procès-verbal

Procès-verbal des recherches qui ont été faites dans l'Eglise de Charmes-la-Côte le 26 aout 1886

 

Etaient présents MM. Fruminet, chanoine, secrétaire général de l'Evêché, Briel, chanoine honoraire, curé-doyen de St Gengoult, Vanson, chanoine honoraire, supérieur de l'Institution de la Malgrange, Minoux, curé de Domgermain, Mirguet, curé de Blénod-lès Toul, Xoual, curé de Charmes-la-Côte.

 

Plusieurs personnes affirmaient avoir entendu dire à Monsieur Saunier, ancien curé de Charmes-la-Côte, mort en       qu'il avait enfermé dans l'autel de la Ste Vierge un crâne qu'il disait être le chef de St Alchas, relique qui lui aurait été donnée par une dame de Toul qui l'avait en sa possession. Monsieur Morel curé de Bulligny ajoutait que la relique devait être dans le rétable de l'autel, cachée sous un revêtement de plâtre.

 

Les ecclésiastiques sus-nommés se rendirent à l'Eglise vers deux heures pour procéder à la recherche.

 

On fouilla d'abord dans le tombeau de l'autel où l'on ne trouva rien. Sur l'autorisation de Monsieur le Curé de Charmes, on fit une brèche dans le rétable de l'autel, à droite, quand on regarde la statue, à une place où il paraissait y avoir une surcharge de plâtre. Quand on eut pratiqué une ouverture assez large pour y passer la main, Monsieur Mirguet plongea le bras dans un vide qui était en effet fermé par quelques briques et un revêtement de plâtre ; mais cette capacité assez grande ne renfermait rien. On fit la même ouverture de l'autre côté, et on y plongea cette fois le bras, monsieur Mirguet sentit de l'étoffe ; il retira avec précaution ce qui lui tomba sous la main ; c'était un os mince et long cousu dans une enveloppe de soie ancienne. On se contenta d'enlever la poussière humide qui recouvrait la soie et l'on chercha si l'on ne verrait pas quelque inscription. Les assistants furent fort émus, lorsqu'ils purent lire sur une bande de parchemin :

....... Sti G ardi Epi Tull.

évidemment ....... Sancti Gerardi episcopi Tullensis

On ne put déchiffrer le premier mot. C'était une première découverte, à laquelle on ne s'attendait pas.

 

Monsieur Mirguet, continuant à chercher dans le fond de la cavité, en retira un chef, malheureusement bien détérioré par l'humidité du lieu et probablement par suite d'autres causes plus anciennes.

 

Il était cousu dans une enveloppe de soie dont les morceaux se détachaient au moindre contact ; la boite osseuse renfermait beaucoup de fragments brisés ; ce n'était pas le lieu de les vérifier en détail, cette opération ne pouvant se faire qu'à loisir et avec beaucoup de précautions.

 

On crut d'abord qu'on ne trouverait aucune inscription, tant le tout était recouvert de poussière ; mais en y regardant de plus près, on trouva collé sur l'enveloppe de soie un papier malheureusement bien endommagé, sur lequel on crut reconnaître ces mots écrits en ronde française :

Reliques .............

Alcas ev ...............

Les derniers mots de chaque ligne manquent, le papier à cette extrémité, ayant été détruit par l'humidité.

 

L'inscription sans aucun doute, était :

Reliques de Saint

Alcas, evêque de Toul.

 

On se demanda si l'on ne voyait pas quelques traces d'écriture sur une troisième ligne au dessous des deux précédentes. Mais on ne put rien distinguer de précis et il fallut s'en tenir à l'inscription telle qu'elle est indiquée plus-haut. Cette inscription du Chef ainsi que celle de l'os de St Gérard ont besoin d'être examinées de plus près.

 

Cet examen n'étant pas possible sur place, il fut décidé que Monsieur le curé de Charmes-la-Côte renfermerait les deux reliques dans le coffre-fort de la sacristie et qu'un jour serait pris pour une vérification du tout aussi complète que possible.

 

Certifié véritable

 

Vanson ch hon.

Briel cde S Gengoult

A. Xoual curé de Charmes-la-Côte

Morel curé de Bulligny

Minoux curé de Domgermain.

 

 

 

 

 

 

Autel Notre-Dame de l'église de Charmes-la-Côte...

Clichés : Vincent Lamarque

© Mardi 30 juillet 2013.

 

 

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Carpinien

 

 

Relique...
Relique...
Relique...
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F
je suis très content pour toi..j'éspère que tu en découvras plus sur ce sujet.....<br /> JEAN MICHEL
Répondre
C
Merci Jean-Michel Florentin,<br /> <br /> L'aventure n'en est qu'à son point de départ, car l'histoire que je souhaiterais partager avec vous n'a pas cent ans mais mille cinq cents ans... Comme l'histoire miraculeuse de saint Mansuy, premier évêque de Toul, évangélisateur des Leuques au IVe siècle, l'histoire des reliques du Christ et des premiers Chrétiens me passionne. Nombreuses sont les personnes, aux époques médiévale et moderne, qui ont placé leur foi sous la protection de ces vestiges humains dont la profonde portée symbolique, au message d'espérance, prévalait ainsi sur la forme macabre et désespérante.<br /> <br /> Carpinien.

À propos

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